Apres la mort de George Floyd, une part croissante des manifestants antiracistes appellent a «definancer», voire a «abolir» la police.
Franceinfo decrypte votre mouvement.
Une manifestante brandit une pancarte «Defund the police» lors d’un rassemblement contre les violences policieres, le 10 juin 2020, a Florissant (Missouri, Etats-Unis). (LAWRENCE BRYANT / REUTERS)
«Definancez Notre police.» La revendication s’etale en lettres geantes, d’un jaune eclatant, face a la Maison Blanche. L’inscription est apparue lundi 8 juin sur la chaussee de la des principales arteres de Washington, a cote du slogan «Black Lives Matter» peint via la municipalite. Elle fait echo aux centaines de manifestations organisees a travers les Etats-Unis depuis la mort de George Floyd, un Noir de 46 ans mort asphyxie via un policier blanc a Minneapolis. Notre drame, dernier exemple en date des violences policieres contre nos Afro-Americains, a ebranle le pays. Jusqu’a placer au centre du debat public une revendication portee depuis plusieurs annees par les militants antiracistes : reduire le financement en police.
Le slogan «definancez la police» est inscrit en lettres geantes dans une rue de Washington, a toutes les Etats-Unis, le 8 juin 2020. (TASOS KATOPODIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
«Definancer Notre police n’est nullement aussi effrayant (ni aussi aussi radical) qu’il n’y parait», promet Christy Lopez, professeure de droit a l’universite de Georgetown, dans une tribune au Washington Post*. Cette idee, defendue via des militants antiracistes depuis les emeutes de Ferguson en 2014, part tout d’un constat. «Quarante ans de reformes d’une police n’ont rien change : des Noirs continuent de devenir harceles et abattus par les forces de l’ordre», martele Philip McHarris, doctorant en sociologie a l’universite de Yale et activiste, interroge via franceinfo. Les revendications se concentrent i propos des polices locales (municipales et, dans une moindre mesure, des comtes), qui assurent l’essentiel du maintien de l’ordre aux Etats-Unis. Notre magazine The Atlantic* resume : «‘Defund the police’ est une option de dernier recours : si les policiers n’arrivent pas a arreter de tuer des personnes, en particulier les Noirs, alors la societe a besoin qu’ils soient moins nombreux.»
Moins de police, plus d’aides sociales
Les partisans du definancement denoncent l’omnipresence des forces de l’ordre, dont nos missions n’ont cesse de s’elargir, dans le quotidien des Americains. «On leur demande de prendre en charge les accidents, les overdoses et d’interpeller (. ) les gens qui ont, intentionnellement ou non, utilise 1 faux billet de 20 dollars. On appelle la police afin d’effectuer partir les SDF installes a l’angle d’une rue (. ) et pour arreter des eleves dont le comportement aurait, auparavant, ete considere comme un probleme de discipline», liste Christy Lopez au Washington Post. Les forces de l’ordre elles-memes soulignent ce probleme. En 2016, le chef d’la police de Dallas (Texas) a ainsi estime* qu’on «demandait seeking arrangement inscription trop» aux forces de l’ordre.
Notre systeme policier n’a pas eu pour objectif de regler l’ensemble de ces problemes.
pendant une conference de presse, en 2016
Consequence : en quarante ans, le cout total du maintien de l’ordre aux Etats-Unis a triple, atteignant 115 milliards de dollars par an*. Ce poste apparai®t comme desormais 30% du budget de la ville de Minneapolis et environ 50% de celui de Los Angeles, qui depense 1,8 milliard de dollars chaque annee pour sa police, indique Wired*. «Au fil des annees, la part du budget allouee aux forces de l’ordre a augmente, grignotant concernant d’autres domaines comme le logement ou la jeunesse», fera valoir Philip McHarris.
Face a votre evolution, le mouvement «Defund the police» appelle a «prendre et reinvestir». «Lorsque l’on parle de definancer la police, on parle surtout de reallouer votre argent a des programmes pour la sante, le logement et l’education», explique Philip McHarris. «Ces trois facteurs paraissent determinants en comportements futurs, donc on peut s’attendre a des effets positifs sur la duree», releve le sociologue professionnel des polices Sebastian Roche, soulignant que «la delinquance nait des inegalites de masse».
Definancer ou abolir la police ?
L’integralite des partisans du definancement n’ont pas le aussi objectif, nuance Philip McHarris, dont le travail se concentre surtout concernant le budget des forces de l’ordre. «Quelques veulent seulement diminuer la part du systeme policier en finances publiques. D’autres veulent la supprimer totalement et abolir la police, Afin de la remplacer avec un autre modele de securite publique», detaille le doctorant en sociologie.
Alors qu’elle semblait inenvisageable ils font deux annees encore, la premiere option parai®t desormais convaincre plusieurs elus democrates. Le maire de Los Angeles a ainsi annonce, mercredi 3 juin, qu’il renoncait a Notre hausse prevue du budget d’une police en 2020. Cela promet plutot d’allouer 250 millions de dollars a la sante, l’accompagnement des jeunes et l’aide aux victimes de discriminations. Sur une telle somme, «au moins 100 millions devraient provenir du budget d’une police», selon Mother Jones*.